L’inconscient est un territoire inconnu qui s’explore par les sentiers du langage

Point de vue

Les formulations que l’analyste propose ouvrent de nouvelles voies car elles sont imbibées d’une experience et d’une connaissance de ce qu’est l’inconscient.

13 sept 2017 20h40

L’artiste aussi propose des voies car dans son expression, il doit mettre son inconscient en jeu, c’est ce qui le différencie du technicien. (Chaque personne étant tour à tour artiste et technicien).

Ensuite, c’est au sujet de prendre soin de ne suivre que les voies(x) qui lui parlent.

Idée reçue sur la psychanalyse #1 :
Freud a dit des choses fausses, donc la psychanalyse, c’est que des conneries

Point de vue

Ben oui ! Bien sûr ! Et donc Galilée était un crétin et la physique une pratique de charlatan, vu qu’ Einstein à montré que la relativité galiléenne ne marche pas toujours… Je ne vous parle même pas du Pape qui affirme qu’un type né il y a 2000 ans marchait sur l’eau et va revenir pour vous sauver de l’enfer, rien moins que pour la vie éternelle…

Bon, sérieusement. Est-ce qu’il n’est pas plus raisonnable de penser que le savoir humain n’est jamais absolu et que le savoir objectif, malgré tous les progrès qu’il a permis ne sait pas tout de ce qui est humain ???

Parce qu’en parlant de conneries, il y en a une qui est régulièrement proférée par des gens néanmoins intelligent. Suivez mon regard : Max Bird – IDÉE REÇUE #24 : L’homosexualité est contre-nature ?. La dite connerie** c’est : « Ce truc qu’on a observé chez les souris, c’est sûr, c’est tout pareil pour les humains ». Ben voyons … Faites donc l’expérience suivante : prenez le premier enfant de 5 ans qui vous tombe sous la main et demandez lui « Qu’est ce qui est différent entre une souris et un humain, qu’est ce qu’un humain peut faire qu’une souris ne fait pas ? ». Je vous fiche mon billet qu’elle vous répondra … elle vous répondra… ??… « L’humain parle ! » Ben oui, bon sang ! Nous sommes dans le langage comme des poissons dans l’eau ! C’est d’ailleurs sans doute pourquoi nous finissons par oublier qu’il existe. Et vous croyez vraiment que les poissons auraient des nageoires s’ils ne vivaient pas dans l’eau (ou inversement…) ?

La biologie c’est bien, mais ce n’est pas tout ! 6 juin 2017 suite à la lecture de l’article de O. Fillod qui explique qu’en fait cette corrélation n’est pas toujours observée**En admettant que l’on trouve une corrélation entre un pic de machinstérone et l’homosexualité, pourquoi faudrait-il en déduire que l’homosexualité est déterminée uniquement par ce facteur / cette manifestation biologique ?. Pour prouver que c’est naturel ? Et que donc les homosexuels n’ont pas le choix * ? Et que donc ta gueule les discours homophobes ou discriminants ? Alors déjà, pourquoi est-ce que naturel ça voudrait dire uniquement biologique ? Et la parole, c’est pas naturel, peut-être ? Sans compter que c’est le seul truc que tous les humains font et que les animaux ne font pas (à un degré aussi développé en tout cas) et ce serait juste un hasard ? Cela n’aurait aucun effet sur nous ?… Ben voyons …

Mais surtout, il faut bien réaliser qu’essayer de prouver qu’il n’y a aucune part de choix* dans l’homosexualité, pour faire accepter l’homosexualité, c’est très cher payer le fait que certains n’arrivent pas à accepter la différence. A ce compte là,

La science qui par construction s’emploie à neutraliser tout ce qui relève du subjectif ne peut pas et ne doit pas être convoquée pour justifier des choix* subjectifs
que devient la liberté individuelle ??

Par définition, la science est une méthode pour acquérir un savoir objectif. Point barre. Lui conférer un statut phylosophico-idéologique en impliquant qu’elle pourrait décrire une vision anthropologique, c’est dangereux ! L’humain n’est pas définissable uniquement par un savoir objectif. Une pratique qui par construction s’emploie à neutraliser tout ce qui relève du subjectif ne peut pas et ne doit pas être convoquée pour justifier des choix* subjectifs, sinon, on passe de la science au scientisme !

Certes, dans nos civilisations occidentales, l’omniprésence de la science fini par en faire une idéologie dans laquelle science et scientifiques seraient censés détenir un savoir équivalent à une vérité absolue. Soyons sérieux ! Maintenons la science à sa place et pensons également la complexité de l’humain avec d’autres types de discours, afin d’éviter que les dérives scientistes ne fassent autant de dégâts que la science n’a apporté de progrès !

Au commencement, c’était Dieu qui savait tout, maintenant ce serait la science qui devrait tout savoir ? Ce n’est pas la science qui sait vos préférences sexuelles ! C’est vous ! C’est le sujet ! Imaginez les dérives possibles si on considère que le dit pic de machinstérone détermine de manière absolue l’orientation sexuelle. Dans ce cas, qu’est-ce qui empêche ceux à qui cette différence fait peur de créer des centre de rééducation dans lequel ils mettraient les bébés avec le fameux pic de machinstérone dès la naissance, pour les « rectifier » ?!?

Nous sommes fortement influencés par des facteurs biologiques, genetiques, familiaux, sociaux et culturels, mais nous avons toujours une part de choix*

Il en est de la sexualité comme de tout ce qui est humain : nous sommes fortement influencés par des facteurs biologiques, génétiques, familiaux, sociaux et culturels, mais nous avons toujours une part de choix*. C’est cette part de choix subjectif qu’il faut défendre avant tout ! Soutenir qu’il n’y a aucun choix dans le fait de pratiquer, exclusivement ou non, l’homosexualité, c’est soutenir une vision mécaniste de l’humain. Chacun a la vision anthropologique qu’il veut, mais il faut être conscient que celle-ci implique qu’il n’y aurait aucune différence entre un robot et nous !

Dans le monde où nous vivons, il est certes bien tentant d’en appeler à la science, pour profiter, consciemment ou non du statut de savoir absolu que certains lui confèrent, et ainsi tenter de fermer définitivement le clapet à ceux qui soutiennent l’insoutenable, mais c’est trahir ce qu’est vraiment la science que de l’utiliser ainsi, pour profiter d’un statut d’idéologie qu’elle ne devrait pas avoir.

S’il est évident que l’homosexualité ne devrait poser de problème à personne, c’est justement parce que c’est un choix subjectif et que, pour le dire explicitement : chacun fait ce qu’il veut avec son cul ! Ce n’est pas plus compliqué que cela. Pour certains c’est l’hétérosexualité qui s’impose comme une évidence, pour d’autres c’est l’homosexualité, et certains choisissent de ne pas choisir…

La liberté de choix* est une part de la subjectivité qu’il s’agit de protéger. D’une part en acceptant celle de l’autre, mais ce n’est même pas toujours une mince affaire que d’accepter et assumer sa propre subjectivité, c’est à dire être capable d’assumer un choix ou une inclinaison subjective, simplement parce que c’est mon choix ou parce que cela fait partie de ce que je suis, sans pour cela avoir besoin de s’appuyer sur un discours objectif qui viendrait le justifier. Etre humain, c’est-à-dire être sujet, c’est pouvoir affirmer quelque chose parce que « je » le sait. Un point c’est tout. C’est ce que font, de tous temps, les combattants de la liberté, comme par exemple ceux qui assument simplement leur sexualité, sans pour cela avoir besoin de recourir à un discours scientiste.

« Vas vers ton risque, à te regarder, ils s’habitueront. » René Char

D’après le Pape, le gars d’il y a 2000 ans disait « aime ton prochain comme toi même ». Ce qui est écrit plus haut est finalement assez proche… Comme quoi, chaque discours peut comporter à la fois des conneries en barre et des morceaux de vérités …

2 juin 2017

* Le mot « choix » prête à confusion. Un précision s’impose. Le choix dont il est question pour un partenaire sexuel ne se fait évidement pas comme quand il s’agit de choisir thé ou café, pain au chocolat ou chausson au pomme. Le choix est la part subjective qui, selon la conception de l’humain que je soutiens, est en jeu dans toute action humaine, en même temps que des facteurs d’influence extérieure. Le choix ne dépend jamais totalement de vous (même dans thé ou café, il y a une part culturelle et de l’influence par l’exemple des personnes qui comptent pour vous), mais il n’est jamais totalement indépendant de vous non plus. C’est ce qui fait que nous sommes des êtres libres.

5 juin 2017Désirer quelqu’un n’est pas un choix direct, mais fait partie de notre subjectivité, laquelle est le résultat d’une multitude de choix. Nous sommes acteurs de notre subjectivité, c’est pour cela qu’on ne peut pas dire que nous n’avons pas le choix de nos préférences sexuelles, comme si nous les subissions. Si on ne peut pas changer nos préférences sexuelles du jour au lendemain et que personne ne peut nous les imposer, c’est parce qu’elles font partie de nous.
6 juin 2017

** Comme le montre cet article d’Odile Fillod qui discute en détail la théorie du pic de machinstérone, ce n’est malheureusement pas la seule connerie proférée dans cette vidéo…

La force de l’imaginaire !

Parole

On s’imagine que l’imaginaire c’est léger… c’est futile ! Alors que c’est primordial !
seulement, il faut faire attention !
Lorsqu’on a la prétention, comme moi, d’entraîner les gens dans l’imaginaire, il faut savoir les ramener dans le réel, ensuite… et sans dommage!

Raymond Devos

Désillusions en Chine

Point de vue

Pékin, le 28 août 95

Bonjour Tous!

Comme je vous l’indiquais dans les lettres aux grand-mères, une quinzaine de jours avant de quitter Xian, j’ai été envoyée une dernière fois faire de la promotion dans le sud du Shaanxi. J’ai en fait eu pas mal de temps de libre, j’en ai donc profité pour commencer à rédiger une lettre pour vous. J’ai gribouillé des pages et des pages, en rouge, en vert, en noir suivant le stylo qui me tombait sous la main. J’y ai ajouté des flèches, des astérIX renvoyant à des crochets … bref, c’est devenu un sacré micmac que je comptais mettre en ordre en rentrant à Xian. Mais entre les préparatifs de départ, les adieux, la visite du boss français (Monsieur C.) etc…, je n’en ai pas eu le temps. Je sais bien que vous vous posez beaucoup de questions sur la façon dont je me suis retrouvée à Pékin et la vie que j’y mène actuellement, mais comme j’ai déjà une lettre quasiment prête, je préfère vous envoyer d’abord le premier épisode au sujet de mes sept mois de séjour à Xian. Je pense que je m’arrêterai même avant la fin de cet épisode car il s’y est passé tellement de chose lors de la dernière semaine que pour la raconter il me faudrait six ou sept pages minimum! Idem pour les quelques temps que je viens de passer à Pékin, mais à ce sujet, vous avez déjà reçu quelques nouvelles par fax, pour plus de détails, on verra plus tard.

Même si je reconnais que c’est très impersonnel, j’ai pris le parti de vous écrire par ordinateur parce que mes lettres manuscrites finissent toujours en forme de torchon, certainement très difficile à lire, surtout pour mes grands-mères.

Pour commencer, je vais répondre à une question que vous m’avez posée: qu’est-ce que je fichais de mes journée, quand je n’étais pas dans les magasins pour appâter les clients? Réponse: pas grand’ chose. En tout cas pas grand-chose qui ait un intérêt phénoménal pour la boite. Il m’est arrivé de faire quelques traductions. Au bout de quelques semaines, j’ai en effet fait clairement savoir que la vente en magasin ne m’emballait guère. S’il fallait de temps en temps faire une opération de promotion, ma foi je n’en mourrai pas, mais je préférais de loin faire autre chose. (D’après ce qu’on m’avait laissé entendre M. Li – l’intermédiaire de Paris, les opérations de promotion en magasin devaient rester occasionnelles.) Je me suis donc proposée pour faire par exemple des traductions, ce à quoi il m’a été répondu qu’il n’y avait aucun problème puisque de nombreux documents mériterais d’être disponibles en plusieurs langues. Pourtant, après avoir réaliser l’unique traduction qu’on m’avait demandée, je me suis à nouveau retrouvée devant mes bouteilles de shampooing. J’ai laissé passer quelques temps avant de revenir à la charge, il m’a alors été répondu que ce n’était qu’une question de quelques semaines. Dès que le produit serait lancé, je pourrai me consacrer à autre chose. Pour mieux me convaincre de sa soi-disant sincérité, le PDG m’a même demandé de faire une traduction mais il ne m’en a jamais réclamé le résultat. En d’autres termes, il s’agissait vraiment juste de me faire plaisir!

Un jour que je refusais de tourner une pub (entre autre parce qu’il s’agissait de débiter une série de pieux mensonges), on m’a affirmé que lorsque le spot serait diffusé, il me représenterait, en quelque sorte, et que je serai ainsi dispensée d’aller dans les magasins. Pourtant, le texte une fois épuré et la pub tournée, je me suis encore retrouvée devant mes bouteilles de shampooing. Quand il m’a annoncé qu’une deuxième française devait venir, C. W. (le boss) m’a dit qu’elle serait affectée à la vente et que je m’en tiendrai à mon rôle d’ « assistante du PDG ». Ben voyons… Du coup, c’est l’assistante du PDG en personne qui s’est retrouvée devant ses bouteilles!…

Certains chinois prétendent que c’est une forme de politesse chinoise que de ne pas refuser directement quelque chose. Je pense qu’il s’agit surtout d’un prétexte facile pour se défiler. Dire oui quand il est inconfortable de dire non puis agir ensuite sans tenir compte de ses paroles, moi j’appelle ça se foutre du monde! Et j’aime pas qu’on se foute de moi.

Il faut ajouter à cela que je me suis rendue compte petit à petit qu’on ne se foutais pas seulement de moi, mais aussi du client. Au début, je ne savais pas trop quoi penser de la qualité de notre camelote. Certes, elle ne me convenait pas, mais les standards de beauté étant différents ici, il était plausible que les chinois l’apprécie (je trouvais que le shampooing laissait les cheveux gras, or les chinois ont l’habitude d’appliquer toutes sortes de mousses justement pour donner un aspect luisant aux cheveux). J’avais été conforté dans cette idée après avoir essayé une autre marque très en vogue mais qui ne me satisfaisait pas non plus. Cependant, même si je n’avais jamais l’occasion d’avoir des contacts avec les ingénieurs qui s’occupaient de la composition de notre produit, quelques petites visites dans l’usine et une simple extrapolation du manque de soin avec lequel absolument tout était fait dans la boite m’ont quand même fait douter de la qualité du produit. Les réactions de certains clients, voire de certains membres de la société me confirmaient plutôt cette version. D’autant plus qu’il n’y avait pas besoin d’être agrégé de chimie pour se rendre compte que la mixture en question n’avait de « naturel  » que le nom et s’il existait un shampooing miracle capable « d’empêcher les cheveux de faire des fourches et de tomber », je crois que ça se saurait! En fait, les propriétés du shampooing ont été établies en même temps que l’argument de vente, c’est à dire au fur et à mesure que l’expérience apprenait aux commerciaux les désirs des clients: « Vos cheveux sont gras, Madame? Mais pas de problème, ce shampooing est spécialement étudié pour les cheveux gras. » « Et vous, Mademoiselle, vos cheveux sont très sec [Tu m’étonne! Pas difficile à deviner, vu le climat de Xian!] Et bien justement, ce shampooing nourrissant vous conviendra tout particulièrement » Et pour peu qu’un autre client demande un shampooing antipelliculaire (sans doute parce qu’il a été assommé par les pub des marques concurrentes qui ont réussit à faire des pellicules un délit passible du tribunal de grande instance), notre mixture caméléon devient aussitôt le must en la matière. Si le client s’étonne que ce ne soit pas précisé sur l’emballage, il lui sera répondu qu’il est écrit que le shampooing est nourrissant et que l’un des éléments nutritifs élimine les pellicules (sic). C’est là que j’ai compris pourquoi P. a essayé 150 shampooing « antipelliculaires », sans résultats!…

Je pense qu’avec ces quelques exemples (et Dieu sais que je pourrais vous en donner d’autres), vous vous êtes déjà fait une petite idée de la politique de la maison. Il est sans doute vrai que ce type de comportement est commun à tout les commerçants, mais je crois que c’est particulièrement vrai pour le commerce des produits de « luxe ». Je devrais même dire qu’il est basé sur ces pratiques: qu’est-ce qu’un produit de luxe? C’est tout simplement un produit qu’on réussit à vendre beaucoup plus cher que sa valeur grâce à un baratin bien ficelé. Le pire est que cette définition n’est pas établie uniquement par le marchant, mais que les clients friands de ce type de produits acceptent cette règle du jeu et du coup l’encouragent. J’ai compris que la notion de luxe n’était absolument pas liée à des critères de qualité lorsque j’ai vu les filles des nouveaux riches chinois acheter des bijoux de pacotille dans des boutiques de luxe alors qu’elles pouvaient trouver exactement les mêmes 10, 20 voire 50 fois moins cher sur les marchés de rue. Elles paient cette différence de prix simplement pour une image, un style, pour avoir un collier emballé dans un joli papier transparents (qui ne durera pas cinq minutes avant de passer à la poubelle) ou pour une étiquette en anglais et des présentoirs comme ceux qu’elles ont vu dans les films américains. Il ne s’agit là que d’un exemple mais il y en aurait des dizaines d’autres. Et pas seulement en Chine, d’ailleurs: en y réfléchissant, je me suis aperçue que nous faisons exactement pareil.

Puisque nous acceptons de payer pour du rêve en conserve, doit-on blâmer les commerçants de nous les proposer?

Pour ce qui est du marché des shampooings en Chine, ils poussent peut-être quand même le bouchon un peu loin. Lors de son récent passage, le boss de la partie française a déclaré simplement au cours d’une conversation avec C. W. que l’ensemble des marques qui sont classée dans la catégorie des shampooings de luxe en Chine ne sont en fait que des milieu de gamme comparés aux produits occidentaux. En d’autre terme ici tout le monde fabrique de la camelote, en se gargarisant pour se donner des airs prestigieux et comme il n’y a pas véritablement de produit de qualité, le client ne s’en rend pas compte puisqu’il n’a aucun élément de comparaison! J’ai ainsi été définitivement fixée sur la qualité de notre produit.

C’est aussi lors de la visite de Monsieur C. que j’ai appris que le projet initial (celui pour lequel ils étaient censés s’être mis d’accord lors des négociations de 94) était de fabriquer du shampooing moyenne gamme, c’est à dire avec production à grande échelle. Lorsque les français sont venus inaugurer l’usine au début de l’année, ils ont appris que les chinois avaient modifié la stratégie et s’apprêtaient à attaquer le créneaux haut de gamme. Forcement, au niveau de la pub et de tout ce qu’ils appellent le « marketing », ça changeait légèrement les données. A vrai dire, tout le projet d’investissement aurait du être monté différemment s’il avait été question de faire un produit de luxe (inutile d’avoir une chaîne prévue pour la production en grande quantité si on fabrique un produit qui se vend par définition en petite quantité. Par contre, comme il est cher, il faut prévoir un gros budget pour faire de la pub.) Les chinois ont justifié ce revirement en prétextant que le marché du moyenne gamme est saturé et qu’en s’appuyant sur l’image de la France, il valait mieux aborder le haut de gamme. C’est un peu vrai, mais
1. connaissant la personnalité du big boss de Xian, je ne serais pas surprise qu’il ait surtout voulu satisfaire sa folie des grandeurs.
2. si c’était un projet de cosmétiques de luxe qu’il voulait monter, il fallait le dire dès le début!
Maintenant que les résultats montrent que le choix était mauvais (en tout cas pour que les ventes soient tellement plus basses que les prévisions, c’est forcement qu’il y a eu un problème quelque part!), le boss français joue les offusqué en se disant trahi. Lorsqu’il a pris connaissance de ce changement lors de sa visite en janvier, il a piqué une crise (il parait que la réunion a été houleuse!) mais, sans doute bien obligé, il a laissé faire. Idem cette fois-ci, d’ailleurs. (D’après ce que Christine, la nouvelle recrue m’a raconté parce que pour ma part, j’ai saisi tout les prétextes que mon départ imminent me fournissait pour ne pas assister à leurs entrevues. Comme j’aurais été bien en peine de dire lequel des deux avait le moins de tort, j’ai préféré les laisser se bouffer le nez entre eux!). A l’issue de cette visite, un accord a simplement été signé pour réduire les livraisons de matières premières qui s’accumulaient dans tous les recoins de l’usine: la cour, le hangar à vélo, même le réfectoire à été condamné pendant un moment à cause de cela!

A mon avis si les négociations ont tourné au quiproquo, c’est sans doute au moins en partie à cause du niveau très moyen de l’interprète que Monsieur C. a utilisé depuis le début. Il est tout a fait conscient du problème puisqu’il ne cesse de lui lancer des piques sur la façon dont il « interprète  (c’est a dire qu’il ajoute systématiquement sa propre opinion à ce qui se dit!). Comme en plus il lui manque visiblement un certain vocabulaire technique ou financier indispensable pour ce type d’entretien, le résultat ne pouvait être satisfaisant, mais ce sont sans doute là des détails pratiques sur lesquels un Môsieur sorti de Sciences Po (comme il le précise, que tu le lui demande ou non!) ne s’attarde pas. Les belles théories assorties de toute une flopée de mot savant qu’il a appris dans cette IL’Lustre institut lui semble visiblement suffisantes pour réussir…

Durant ces quelques derniers jours, j’ai trouvé l’explication de bien des aberrations et autres contresens auxquels je m’étais heurtée pendant toute la durée de mon séjour. Le fait que je n’apprenne qu’à ce moment là certaines choses qui avaient pourtant des conséquences directes sur mon travail montre que d’un coté comme de l’autre, les deux boss ne m’ont jamais prise au sérieux. Or je suis persuadée que même sans connaissances théoriques des techniques de commerce, ma position très particulière aurait pu me permettre de faire avancer les choses. En France, sans avoir jamais fait d’école de commerce, il y a beaucoup de choses que l’on connaît sur le comportement des consommateurs dans une économie de marché, tout simplement parce que nous sommes des consommateurs de ce type depuis le berceau, et ça depuis plusieurs générations. Il y a bien longtemps que tu ne peux pas sortir de chez toi sans être agressé par les affiches publicitaires, les opérations promotionnelles dans les grandes surfaces ou les foires, etc… Les représentants viennent même te débusquer chez toi. Sans compter la TV et les prospectus dans la boite au lettre. En Chine au contraire, certains spot publicitaires n’ont pas encore dépassé le stade de « réclame » (genre « Le boudin DURANT, c’est EXCELLENT! »), les panneaux publicitaires sont peints à la main (souvent dans un style très … je crois qu’on dit « pompier », c’est-à-dire genre les affiches de propagande maoïste), la pub dans la boite au lettre n’existe pas et les opérations de promotions dans les grands magasins ou la distribution de prospectus dans la rue ne sont apparus pour la première fois que l’année dernière! Aucun des commerciaux de Lily Cosmetics n’a été formé pour le travail qu’ils effectuent. La plupart sont d’anciens prof ou des jeunes fraîchement sorti d’une école (sans aucun rapport avec le commerce) En l’absence de possibilité de formation continue, leur politique est d’apprendre sur le tas, c’est pourquoi je trouve qu’ils ont eu tord de ne pas profiter des connaissances que nous pouvions leur apporter (Pour cela, Christine est encore mieux placée que moi puisqu’elle à une formation marketing, mais ils ne lui ont rien demandé non plus! Résultat, elle m’a dit aujourd’hui au téléphone qu’elle avait annoncé sa démission.)

Pour la partie française, l’intérêt d’avoir quelqu’un sur place en permanence pour voir comment se passent les choses au jour le jour, me semble évident. Il est vrai qu’au départ, j’étais très handicapée par les problèmes de langue, mais si on s’était donné la peine de s’y attarder un peu, il y avait des foules de solutions possibles pour le résoudre. Par exemple, après l’un de mes premiers déplacements (alors que j’étais encore assez motivée pour faire du zèle), j’ai décidé de leur rédiger une sorte de rapport où je faisais le point de ce qui me semblait clocher. Une jeune fille qui travaillait alors avec moi et partageait mon point de vue m’a aidée à le rédiger en chinois. Si nous avions pu continuer à travailler ensemble, je suis persuadée que nous aurions pu faire quelque chose de constructif. En tout cas, je me flatte de croire que j’ai tout de même certaines capacités qui même s’il avait fallu chercher un peu aurait permis de me trouver une tâche plus utile qu’un simple le rôle de figuration!

Le plus absurde, c’est que l’efficacité du procédé qui consiste à envoyer une française dans les magasins pour vendre la camelote reste à prouver, car si les clients surpris de voir une étrangère derrière le comptoir s’approche pour savoir de quoi il s’agit, cela ne signifie pas pour autant qu’ils vont acheter. On peut même imaginer, qu’aux yeux des plus cultivés, l’utilisation d’un tel procédé de « racolage » aurait plutôt tendance à trahir la mauvaise qualité du produit.

D’ailleurs, ce rôle de figuration ne trompait pas grand monde: n’importe qui depuis les vendeuses de grand magasins jusqu’aux responsables à qui j’ai été présenté comprenaient immédiatement que je n’avais aucune responsabilité dans l’affaire. Je me suis efforcée de faire comprendre qu’une telle situation ne pouvait que discréditer la société, mais en vain. Le boss tenait visiblement à ses mascottes, certainement parce que c’est quelqu’un qui ne jure que par les relations et les apparences.

Lorsque Monsieur Li m’a présenté la situation (en toute bonne fois d’après ce que j’ai pu constater lors de son passage en avril ). Il m’expliquait que le but de ma présence serait de prouver le sérieux de la société. En gros, il s’agissait de représenter la France (!) pour montrer qu’il s’agissait d’une véritable société mixte. [A ce propos, vous vous plaignez que j’appelle ces sociétés des « joint-venture ». En fait, vous devriez vous estimer heureux: ici, au PEE, ils appellent ça des « givé ». J.V… J’ai mis un certain temps à comprendre! Pour ce qui est de « PEE » (prononcer « pé’eu »), mettez vous une bonne fois pour toute dans la tête que ça signifie Poste d’Expansion Economique, ça m’évitera de vous le récrire à chaque fois (c’est vachement long! Ça fatigue…)] Pour en revenir à mes aventures Xianesques, je trouvais que le principe de m’envoyer dans cette … JV (c’est la loi du moindre effort!…;)…) pour prouvez l’existence d’une certaine participation française était tout à fait justifiable. Et puis petit à petit, je me suis rendu compte qu’elle était toute relative: le responsable de la boite française vient voir deux fois par an comment se passent les choses, mais tous le reste est géré (ou plutôt non-géré…) par les chinois. Et quand je dis boite française, il faut comprendre boite implantée à Paris, parce que j’ai appris que le PDG est en fait de nationalité tunisienne!!…. Je me suis alors dit « après tout peu importe, je ne suis pas particulièrement nationaliste et encore moins raciste, je me contenterai d’être garante du sérieux qui est accordé à priori aux entreprises étrangères ». Et puis j’ai fini par être obligée de me rendre à l’évidence: toute notion de sérieux ou de scrupule faisait totalement défaut dans cette boite. Et je ne vous ai même pas parlé de la corruption en argent, en cadeau ou en invitations qui était utilisée pour obtenir toutes sortes d’autorisations ou de faveurs. (Il est vrai que le problème de la corruption en Chine est une question complexe qu’on ne peut sans doute pas résoudre à coup de grands principes moralistes, mais je crois que ce n’est pas le genre de débat qui empêchent très souvent C. W. de dormir…) Bref, étant donné tous ces bobards qu’ils se sentaient toujours obligés de raconter, je finissais par avoir honte de la confiance qu’on me donnait à priori. (Il y avait tout de même des clients qui achetait en disant « Si elle est là, c’est certainement très bien. »).

Dans ces conditions, j’ai bien songé à partir, mais dans ce cas, c’est moi qui aurait rompu le contrat et qui aurait du en subir les conséquences (restitution du billet d’avion,…) D’autre part, j’estime que ce séjour a malgré tout été profitable car il a été très formateur. J’ai donc décidé d’attendre le premier août libérateur. Je n’avais pourtant pas l’intention de m’associer aussi longtemps à cette fumisterie. J’ai donc entamé une sorte de grève du zèle – environ au mois de mai, lorsque la situation est devenue à peu près claire pour moi, elle s’est durcie à mesure que le temps passait, mettant ma patience à l’épreuve. A la fin, je me contentais d’une présence passive quand il s’avérait impossible de me défiler. La situation n’était pourtant pas si simple car je ne pouvais pas mettre tous les gens de la boite dans le même sac que C. W. Certains commerciaux, par exemple ne ménageaient pas leur peine pour faire décoller les ventes. J’avais donc des scrupules à anéantir leurs efforts par mon manque de coopération mais je n’arrivais pas non plus à me résoudre à les suivre dans ce qui finissait par s’appeler de l’arnaque.

Lorsque j’étais à Hanzhong, le commercial qui m’accompagnait m’a un jour confié sur le chemin du grand magasin où nous allions faire une opération de promotion qu’il avait une fois utilisé le shampooing comme gel douche, ce qui lui avait laissé l’impression (je cite) « de s’être frotté le corps avec du lard gras »!! Il concluait en disant que cette série de shampooing ne valait rien. Moins de cinq minute plus tard, il n’en vantait pas moins les mérite avec conviction à une cliente et c’est sans doute l’un de ceux qui se décarcassait le plus pour essayer de vendre la camelote dans les districts dont il était responsable. J’ai beaucoup réfléchi pour essayer de comprendre pourquoi il continue à travailler, bien qu’il soit conscient des problèmes de la boite et qu’il ne soit plus ou difficilement remboursé de ses frais (il doit faire de fréquents déplacements et engager de nombreux frais pour les opérations de promotion). C’était peut-être en partie pour prouver ce dont il est capable, mais je pense aussi qu’il se sent obligé de se dévouer pour son « unité de travail * » et pour son supérieur, comme l’exige la tradition chinoise. (Je crois que les chinois ont mal accepté que je refuse de faire quelque chose en me référant à mes propres critères de jugement. Je pense qu’ils s’attendaient à ce que je suive le patron sans broncher jusqu’à ce que je parte.) Ce type d’attachement se double parfois (comme dans le cas du commercial dont je viens de parler) de la nécessité de respecter une relation qui date de d’enfance avec le PDG de la boite. Il est vrai aussi que c’est l’un de ceux qui ont poussé cette forme de loyauté le plus loin. Tous les responsables et les employés capables sont déjà partis ou sur le point de le faire. Mise à part une espèce d’arriviste, faux comme c’est pas permis et qui reste parce qu’à force de ruse il a réussi à devenir le vice président officieux. Le vice PDG en titre est officiellement en congé de maladie longue durée. En fait, il a monté une autre boite, mais il donne ce prétexte pour éviter que l’annonce de son départ ne fasse mauvais effet sur son ancienne « unité de travail ». Et cela, bien qu’il se soit engueulé avec le boss avant de partir !!!

L’ambiance de la boite à bien changé depuis les premières semaines après l’inauguration. Il régnait alors un enthousiasme proche de l’euphorisme. L’ensemble du personnel s’affairait dans tous les sens. Pas forcement avec une grande efficacité, mais tout le monde avait l’air très enthousiaste et optimiste. Le boss puisait largement dans les prêts de la banque pour inviter tous les fonctionnaires et autres responsables locaux qui pouvait lui être d’une utilité quelconque. Il ne ratait jamais un occasion de jouer les PDG super occupé en se plaignant de ne pas pouvoir dormir suffisamment, mais ses occupations principales était d’emmener ces messieurs dîner et s’amuser! Et il était visiblement très fier d’être continuellement en si bonne compagnie. Le malheur, c’est que j’étais souvent obligée de l’accompagner. Pour ce qui est des banquets j’aurais encore pu me faire une raison (bien qu’à ce régime, j’avais pris plusieurs kilos…), le problème c’était les séances de karaoké. Il s’agit de bars où l’on boit le plus souvent du thé ou du Coca, parfois de la bière mais rarement des alcools plus forts (le repas qui précède étant copieusement arrosé d’alcool à 90°, ce n’est plus nécessaire!) Ils sont équipé d’écrans TV branchés à deux micros pour permettre aux clients de chanter accompagné par une cassette vidéo. Les paroles s’affichent sur le bas de l’écran pour aider la starlette en herbe ou le crooner imaginaire (c’est souvent le moins qu’on puisse dire!). Le Karaoké est l’activité nocturne préférée des chinois « à la mode ». Elle faisait immanquablement suite à nos « repas d’affaire » (comprendre repas de « relations publiques »). Moi, du fond de mon fauteuil, tout en grignotant des graines de pastèques ou des bananes séchées, j’ai bien failli m’étouffer plusieurs fois de rire en voyant des directeurs de banque et autres hauts responsables politique brailler des chansons d’amour à l’eau de rose sur fond de clip avec jeune fille en larme, flou artistique et ralentis pathétiques! En France, même une fille en pleine crise d’adolescence trouverait ça ridicule. (Ceci dit, il parait que le principe du karaoké commence à prendre à Paris!). En ce qui me concerne, je n’ai toujours pas compris l’intérêt que l’on peut trouver à lutter contre les décibels pour répondre toujours aux mêmes questions, toujours suivies des mêmes compliments, version standardisée et polie. Sans compter qu’il fallait aussi danser, pour qu’ensuite, lorsqu’ils sont invités par d’autres entrepreneurs également soucieux des intérêts de leurs affaires, ses messieurs les responsables puissent raconter qu’ils ont dansé avec une française (si on peut appeler danser ces dandinements de lourdaud!)

Je n’ai donc rien regretté lorsque ces soirées sont devenues assez occasionnelles. Par contre, c’était très triste de voir se détériorer l’ambiance et l’entente enthousiaste qui régnaient aux débuts. Témoins des erreurs de gestion ou devenu carrément opposés à la politique du boss, dans tous les cas sous-payés (alors que les sociétés mixtes ont la réputation de bien rémunérer leurs employés, les ouvrier de Lily ne recevaient que 10 yuans de plus que le salaire minimal imposé par la loi, ce qui représente à peine un peu plus de 100 FF) de nombreux employés sont partis. Comme le recrutement se fait neuf fois sur dix par copinage (c’est ce qu’on appelle les « guanxi »** ), on engage la sœur d’un journaliste bienveillant, la cousine d’un copain, etc.. autant dire que les critères de sélection ne font rien pour améliorer le niveau ambiant de compétence.

Il en a résulté une démotivation grandissante: à quoi bon s’exténuer au travail si le manque d’organisation annihile tous vos efforts et si d’autres se contentent de profiter de leurs relations pour empocher un salaire en se fatiguant le moins possible? Les quelques rares combattants qui subsistent essayent désespérément de maintenir le cap alors que les vents soufflent dans tous les sens, que le courant est contraire et que le carburant commence à manquer. Je veux dire par là que l’organisation est telle que les efforts des uns annulent ceux des autres, que les conditions dans lesquelles la boite à été monté (cf tout ce qui précède) ne sont pas favorables et que lorsque je suis partie, il commençait à y avoir de sérieux problèmes d’argent: conformément au contrat, la partie française continue à envoyer les matières premières qu’il faut donc payer, en plus des frais de fonctionnement et de promotion, or les ventes ne décollent pas et la banque se fait apparemment prier (Comme quoi les différents déplacements d’agrément que le boss à payé au responsable des prêts n’ont pas servi à grand chose. Y’a quand même une justice!)

Voilà, c’était « Vie et mort d’une société à Xian ». Je n’ai malheureusement pas vécu la période « prénatale », lorsque les premiers employés travaillaient encore dans un hôtel pour régler les formalités nécessaires à la fondation de l’entreprise et à la construction des bâtiments, puis pour la préparation de la cérémonie d’inauguration. J’en ai pourtant souvent entendu parler comme d’un « âge d’or » dont il reste le souvenir d’une bonne entente, de ces quelques jours passés dans les montagnes pour travailler à l’abri de la chaleur étouffante de Xian,… J’ai ensuite assisté à la naissance du bébé (ce glacial matin de janvier) puis je l’ai vu vivre quelques mois. Je ne la verrai pas mourir, mais je l’ai laissé très malade et je n’ai pas beaucoup d’espoir. Pourtant, en ce qui me concerne, je crois que ce séjour était vraiment une occasion unique pour être dans des conditions d’immersion aussi complète et je pense qu’il m’a permis d’apprendre beaucoup, aussi bien au niveau linguistique que culturel.

FIN DU PREMIER EPISODE

Prochainement dans vos boites aux lettres, « Mais comment-est-ce qu’elle a atterri à Pékin? » et « Qu’est-ce qu’elle y fiche? »

*Unité de travail:
traduction du terme chinois (danwei) qui désigne l’élément communautaire auquel se rattache un individu. Il peux s’agir d’une école, d’une entreprise, d’un institut, … Dans le système communiste, un individu n’existait que par son appartenance à une danwei. On pourrait presque dire que la société chinoise n’était (n’est?) pas faite d’individus mais de danwei. Celle-ci prenait en charge et contrôlait absolument tous les aspects de sa vie: travail, logement (construit et affecté par la danwei), soin médicaux (donc contraception et contrôle des naissances), nourriture (cantine, obligatoire pendant les périodes les plus dures du régime), éducation des enfants (affectation des places dans les écoles), … Aujourd’hui elles ont un peu perdu de leur pouvoir, mais l’esprit d’appartenance à une communauté reste très présent.

**Guanxi: (littéralement: relations)
Elles forment de véritables réseaux qui entravent énormément les chinois car ces relations peuvent parfois se réduire simplement à une vague connaissance commune, mais du fait de ces guanxi, ils sont souvent contraints d’aider ou de se porter garant pour des gens qu’ils ne connaissent pas bien voire même qu’ils n’apprécient pas. (C’est par exemple pour cette raison que M. Li s’est vu plus ou moins obligé de servir d’intermédiaire à C. W. qu’il ne connaissait pas.) Le problème le plus grave est qu’elles sont largement mises à contribution dans le domaine professionnel où les compétences et la législation devrait être prioritaires. (En d’autre terme elles sont intimement liées au problème de la corruption).