liberté
Choix
Point de vue
Le choix est la part subjective qui est en jeu dans toute action humaine, en même temps que des facteurs d’influence extérieure. Le choix ne dépend jamais totalement de vous (même dans thé ou café, il y a une part culturelle et de l’influence par l’exemple des personnes qui comptent pour vous), mais il n’est jamais totalement indépendant de vous non plus. C’est ce qui fait que nous sommes des êtres libres.
A chaque instant, « je » est le résultat de la myriade de choix que nous avons faits à l’intérieur des possibles induits par notre environnement.
Le véritable pardon ne passe pas à côté de la colère, mais il passe par elle.
Parole
Alice Miller, C’est pour ton bien. Aubier 1983, p.282
Anger can express itself in many differents ways.
I think this is a pretty good one.
Les soi(e)s du symbolique
Point de vue
Suspendus au dessus du gouffre du réel – chaos de chairs, de tensions, d’odeurs, de sensations – les fils qui nous empêchent d’y sombrer sont dits symboliques. Ce sont les fils des histoires que l’on raconte. Celles que l’on entend et celles que l’on se raconte*. Les histoires que racontent les parents et les cultures, les fils des liens sociaux et de la langue, bref, les liens qui font les identités et le sens.
Relations qui se nouent et se dénouent, passages de la vie (adolescence, vieillesse), changement de statut social (mariage, diplôme), lectures et expériences nouvelles d’où émergent de nouvelles façon de les tisser, comme des soies d’araignées, certains de ces liens sont rompus et reconstruits en permanence. Les sujets humains tissent continuellement les discours qui à la fois, les constituent et les soutiennent*.
Vivant dans le symbolique comme des poissons dans l’eau, nous finissons par oublier son existence. La plupart des gens sont comme Monsieur Jourdain qui faisait de la prose sans le savoir: ils traversent la vie sans prendre conscience de ce qu’est le symbolique. Ils vivent au centre du cocon, constamment baignés de discours et d’images qui à la fois expliquent et cachent le monde réel, tout en l’ordonnant d’une manière qui relève à la fois du collectif et de l’individuel.
Etre passé par des états qui font prendre conscience du réel, et de ce que sont l’imaginaire et le symbolique est une chance exceptionnelle de savoir ce qu’est la liberté. Liberté de lâcher certains liens et d’en nouer d’autres. Mais cette chance a un prix. De ceux qui se paient cash, c’est-à-dire en peurs et en souffrances brutes, à même la chair. Parce que le corps ne fait pas crédit.
Cette chance de liberté peut donc se payer pas content. Le risque est alors de vouloir oublier cette liberté, de vouloir retourner se blottir dans les bras illusoires d’un Autre, dont on aimerait croire encore qu’Il nous protège vraiment du monde, de ses changements, de ses déplaisirs. Les religions, certains militantismes et certains responsables politiques ne se privent pas de nous pousser sur cette pente…
Un jour, il faut pourtant se rendre à l’évidence: je est seul.
je est seul dans son désir.
Ou plutôt, les je sont seuls.
Reliés par les soi(e)s du symbolique.
C’est déjà un peu moins effrayant, mais quand même, il faut s’y faire !
*Cette formulation est directement inspirée d’un texte de Bertrand Leclair, qui devait originairement constituer l’épilogue de son roman La main du scribe et qui a été lu par l’auteur, lors de la journée « Amour II » à La Ralentie:
C’est que le sujet parlant, l’animal doué de parole qui dit « je » a une histoire lui, une histoire particulière conditionnée par l’histoire collective et inscrite dans sa trame et il s’y accroche pour continuer de dire « je » au milieu des autres qui savent dire « je » aussi bien que lui et parfois tellement mieux. Le sujet qui dit « je » est une fiction. Un fiction qu’il construit dans le même temps qu’il l’agit, une fiction prise dans la fiction générale, tissée fil à fil, fils à fils avec et dans la matière, la matière humaine, la matière d’avant l’histoire, d’avant les mots qui disent les histoires. Le sujet se gorge d’histoire, les siennes et celles des autres. Il en écoute, il s’en raconte, il les raconte et se met ainsi en scène au théâtre des autres au prix d’un paradoxe, cela même qui le saisi tout entier, le rend à lui-même insaisissable. Il se raconte des histoires pour continuer d’exister dans la comédie sociale. ?L’appliquer? comme on préserve l’espace d’un rôle, pour ne pas voir que ce sont les histoires, les siennes et celles des autres qui le racontent et non pas l’inverse. Ne pas voir que ce sont les histoires racontées qui tissent la fiction cousue de fil blanc dans laquelle il n’a bientôt plus conscience de se protéger douloureusement des changements d’états de la matière. Le mouvement même de la vie, ce mouvement qui toujours déchire les histoires lorsqu’il advient malgré tout.
Les voi(x)es du désir
Point de vue
Au cours d’une analyse, on ressent parfois son divan comme une cage pour hamster, parce que vue de l’intérieur, une analyse peut par moment faire penser à une roue, dans laquelle on s’épuiserait à tourner sans vraiment avancer. Heureusement, la trajectoire d’une analyse n’est pas un cercle, mais une spirale. Chaque tour de spire fait jouer un peu plus les liens desserrés au tour précédent, jusqu’à ce qu’un beau jour, ça finisse par lâcher.
Ainsi, après certaines séances, on se retrouve sur le trottoir, tout étourdi, comme un oiseau qui déboule au grand air, après être resté longtemps enfermé dans un sous-sol mal ventilé, à s’empêtrer dans le voilage des fenêtres et se cogner le bec contre la vitre, en tentant désespérément de sortir. Pourtant, une fois franchie, 13 sept 2017 l’ouverturel’accès à l’air libre est une évidence à laquelle on n’ose pas toujours croire, habitué que l’on est aux repères certes pénibles, mais si familiers, des anciennes angoisses.
Peut-on imaginer qu’à la fin de « Midnight Express* », le personnage qui réussit à s’échapper après des années de réclusion dans des conditions épouvantables**, soit tellement abasourdi de se retrouver soudain si facilement au soleil, qu’il décide de retourner dans la prison ? Simplement pour ne pas perdre l’ombre, la vermine et la violence, parce qu’elles lui sont devenues familières, 13 sept 2017 ou parceet qu’il faudrait à tout prix éviter une perte ?
C’est que l’affaire d’une psychanalyse ne consiste pas seulement à dégager les voi(x)es du désir.
Encore faut-il en poser de nouvelles.
*Titre du film d’Alan Parker, sorti en 1978. Il s’agit du terme employé par les prisonniers pour désigner l’évasion de la prison.
** A noter que l’extrême noirceur du film doit certainement plus aux fantasmes de ses créateurs qu’à la réalité de la Turquie. En 2004, Oliver Stone, auteur du scénario, s’est excusé publiquement, pour avoir surdramatisé la représentation de la Turquie (notamment, en ajoutant des scènes de violence qui ne se trouvent pas de livre autobiographique de William Haynes, dont le film est une adaptation)
http://www.guardian.co.uk/world/2004/dec/16/turkey.film
As the night is leaving
Silently retreating down an empty hall
Suddenly a stirring
Finally recurring where I let it fall
Following the wanderings of a dream
A dream that keeps my soul alive
Believing in an open sky
Believing in a love.
Dancing with a stranger
Careless of the danger there within his smile
While the dew is forming
Breathing in the morning like a sleeping child.
If the memory of the light should fade
Horizons reaching cold and blue
Until your heart is free to fly
Then I will keep the sun for you.
Until you touch the open sky
Then I will keep the sun for you
Until we never say goodbye
Then I will keep the sun for you.
Lyrics by Chris Bennett